Inception : toupie or not toupie

Il va être bien difficile de faire un article sur Inception, le nouvel objet cinématographique concocté par Christopher Nolan. Le bonhomme n’arrête pas d’enchainer les succès (Memento, Insomnia, Batman Begins, Dark Knight) et maçonne pour un bon moment son statut de réalisateur de film d’action intello (ou de film intello avec de l’action).

Inception (mot intraduisible en français), c’est l’histoire d’un homme (Leonardo DiCaprio), dont la spécialité est plutôt l’Extraction. En l’occurrence il s’agit d’extraction de pensées et d’idées prélevées à l’intérieur même de l’esprit humain. Le héros de l’histoire est en effet capable de se promener dans le rêve dans autres, à l’aide d’une technologie mystérieuse mais en même temps très simple à utiliser.

Cobb l’Extracteur est embauché pour une mission délicate, qui consiste non pas à voler une idée mais à en implanter une dans l’esprit d’un riche héritier. C’est là l’Inception du titre, une sorte d’insémination ou d’ingestion psychique. Le processus demande du doigté et Cobb monte une team de différents spécialistes, comprenant un Architecte, un Chimiste, un Faussaire… Une équipe qui n’est pas sans rappeler Ocean’s Eleven ou Mission Impossible. L’équipe étant rassemblé, le plan étant prêt, il ne reste plus qu’à réussir le coup du siècle en plongeant dans l’esprit de Rober Fisher (Cillian Murphy).

Cobb (DiCaprio) et Fisher (Cillian Murphy) : le chasseur et sa proie

C’est intéressant de voir qu’une bonne partie du casting de Batman Begins se retrouve dans Inception : Cillian Murphy (l’Epouvantail) mais aussi Michael Caine (Alfred) et Ken Watanabe (le faux Ra’s Al Ghul). A cette belle brochette se rajoute Leonardo DiCaprio et Marion Cotillard, un couple assez perturbé (tiens ça rappelle Shutter Island, ça. Décidément il n’a pas de chance en amour, Leonardo)

Ce n’est pas tout : on retrouve aussi Hans Zimmer à la musique oppressante et Wally Pfister comme directeur de la photo oppressante, tous deux ayant travaillé sur Batman. On reste en famille donc.

American dream

(à partir d’ici il vaut mieux arrêter de lire pour ceux qui n’ont pas vu le film).

Je ne vais pas détailler ici toutes les règles auxquelles obéit le monde des rêves selon Christopher Nolan. C’est à la fois simple et efficace, à l’image de tout ce que fait ce réalisateur, qui semble avoir horreur de l’esbrouffe (au contraire de certains de ses congénères) mais ne rechigne pas devant des scènes d’action bien péchues.

Nos aventuriers du rêve ont donc fort à faire devant un environnement hostile et des « projections du subconscient » matérialisées en gardes patibulaires (ce qui rappelle fortement Matrix). Cependant, le monde du rêve manque singulièrement de fantaisie et de merveilleux. Dans l’ensemble, les rêves du film sont assez ternes, et n’ont pas grand chose d’irréel (à part la stupéfiante scène parisienne au début du film). A croire que les Américains ne savent pas rêver correctement !

une incroyable scène de rêve à Paris

L’aspect ordinaire de ces rêve s’exacerbe d’ailleurs dans ce passage où Cobb explique, que coincé pendant 50 ans dans un rêve avec sa femme, ils ont passé leur temps à imaginer des immeubles ! C’est pas vraiment pas le Nerverland…

Passons sur cette légère déception, il faut avouer qu’elle sert le scénario, dont la base repose justement sur la difficulté de différencier le rêve de la réalité. S’il y avait des éléphants roses partout, c’est clair qu’il n’y aurait plus d’histoire !

Christopher Nolan connait son affaire et nous embarque dans un voyage assez incroyable (un rêve dans un rêve dans un rêve dans un rêve…) et quelque chose de totalement inédit au cinéma. La mise en scène est classieuse et sobre, et notre homme sait aussi bien poser une scène de poursuite effrénée qu’une troublante et douloureuse scène de retrouvailles et d’explication entre Cobb (Leonardo) et sa femme (Marion Cotillard). Difficile de rester de marbre devant des amours aussi tragiques !

Le film est construit en forme de poupée russe mais reste assez lisible, pour peu que l’on se concentre sur les explications et indices donnés ça et là. La scène finale et plusieurs indices sèment le doute sur le retour de Cobb. N’est-il pas resté coincé dans les Limbes ? C’est volontairement ambigu et d’ailleurs on ne voit pas quel moyen il aurait pu réintégrer le monde réel.

silence on rêve !

Quoiqu’il en soit, c’est certainement un des grands films de 2010 et un point fort de la carrière de Christopher Nolan, qui prouve qu’il sait filmer autre chose que des justiciers masqués et sait mener à bien ses projets les plus fous.

Une jolie photo de Marion Cotillard pour finir…

Nul doute que ce film va générer de nombreuses discussions dans les forums et des débats de geeks à n’en plus finir. Un cinéma-plaisir, qui donne aussi à réfléchir, ça fait du bien…

EDIT : les théories commencent à foisonner sur ce que Christopher Nolan a voulu dire (ou ne pas dire). Matrix à côté c’est du AB Production ! Voir entre autres sur Allociné comment un message se cache dans une musique d’Edith Piaf…

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4 réponses

  1. Stéphane dit :

    Moi j’aime bien l’idée que ce qu’on a vu n’est pas aussi simple ! Du coup, comme pour Matrix aussi, ça donne envie de le revoir.

  2. Guillaume dit :

    Merci pour le lien, j’étais sûr qu’il y aurait des théories sophistiquées et des bonus cachés dans le film. Ça me rappelle l’époque Matrix…

  3. Stéphane dit :

    Allociné a un article interressant sur Inception pour creuser un peu plus à l’intérieur du rêve :
    http://www.allocine.fr/article/fichearticle_gen_carticle=18596408.html

    J’aime bien leur concept. Tu en penses quoi ?

  4. Stéphane dit :

    Bravo !
    Si je n’avais déjà l’envie, je le reverrais bien à la lecture de ton billet !