Le Théorème Zéro : Terry Gilliam en grande forme

Les initiés savent que Terry Gilliam est un ex-membre des Monty Python, qu’il a une imagination sans limites, et qu’il possède à son actif plusieurs films cultes (notamment Brazil et l’Armée des 12 Singes). C’est aussi un adepte des trucages à l’ancienne, avec grand renfort de bricolages et de décors surréalistes. En 1999, Terry Gilliam s’est attaqué à un projet ambitieux : Don Quichotte. Hélas des problèmes de production font que le projet tomba à l’eau. A la même époque, on note que Terry Gilliam a failli réaliser le premier film Harry Potter (ce qui aurait sans doute donné un second souffle à sa carrière et rendu l’adaptation beaucoup plus intéressante).

Bref, les années 2000 n’ont pas été tendres avec le réalisateur, qui vivote avec des projets trop commerciaux (Les frères Grimm en 2005) ou trop bizarres (Tideland en 2006, un film affreux). On peut aussi se poser la question de savoir si l’arrivée du numérique n’a pas sonné le glas du style Terry Gilliam…

Il faudra attendre Le Théorème Zéro pour retrouver un réalisateur au mieux de sa forme, artistiquement très inspiré. Dans ce film très pessimiste, qui pourrait se passer dans l’univers de Brazil, le personnage principal est le dénommé Qohen, un informaticien (?) aigri et névrosé, qui cherche un sens à sa vie (révélation qui est sensée prendre la forme d’un appel téléphonique). Il fait la rencontre d’une charmante jeune femme, qui lui fait redécouvrir les plaisirs de la vie.

Melanie Thierry en infirmière sexy, à croquer…

Le Théorème Zéro est un film très bizarre, profondément pessimiste, et qui porte un regard peu amène sur l’évolution de la société. Publicité agressive, technologie effrayante, superficialité des relations humaines : le monde dépeint dans ce film est peu engageant. Le travail de Qohen est également très perturbant : il est chargé de résoudre des équations mathématiques afin de trouver un but à l’existence (ou l’absence de but), c’est le fameux Théorème Zéro. Un théorème qui finit par rendre fou toutes les personnes qui travaillent dessus !

Qohen est présenté comme un névrosé qui vit dans une église, refuse de s’aventurer dans le monde extérieur et affirme ne plus ressentir de plaisir depuis très longtemps. Face à lui, Bainsley (Mélanie Thierry) est son contraire absolu : une jeune femme sexy, extravertie, et très sociable (le rêve, quoi !). Fatalement, Qohen en tombe amoureux et commence une nouvelle vie, avant de déchanter et de retomber dans son marasme (c’est là que le film est plutôt déprimant). On peut même se demander si tout ce qu’on voit n’est pas une projection mentale du héros (qui utilise un peu trop souvent le « nous » pour parler de lui).

Une image de bonheur artificiel dans un univers totalement virtuel

Le Théorème Zéro n’est certainement pas un film familial et consensuel. Son univers loufoque et kafkaien, ses personnages antipathiques, son histoire presque incompréhensible, font que le film rebute. Il est évident que Terry Gilliam ne cherche pas à plaire à tout le monde, et son dernier film demande un vrai effort de concentration, car c’est beaucoup moins lisible que Brazil. Un vrai film d’auteur (dans le bon et le mauvais sens du terme).

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Le Théorème Zéro
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