Space Battleship Yamato : quand les Japonais font du space opera

Ce n’est pas Star Wars, ce n’est Star Trek, ce n’est pas Battlestar Galactica et pourtant ça ressemble à tout cela. C’est le premier film japonais du genre Space opera (et pourtant cela fait des années que le genre est abordé au Japon au travers des animes et des jeux vidéo). Drôle d’objet cinématographique…

Il y a plusieurs Yamato derrière ce film. tout d’abord le Yamato historique, le plus grand des cuirassés jamais construits (1937-1945). Ce redoutable navire de guerre, symbole de la lutte et du courage au Japon, a fini ses jours en menant une attaque suicide contre la flotte américaine en avril 1945. L’épave est toujours sous l’eau et a été plusieurs fois explorée.

le vrai Yamato en 1941 (source Wikipedia)

Ensuite il faut parler du Yamato animé, imaginé par Akira Matsumoto en 1974. Ce fils d’un officier de l’armée de l’air est également connu pour avoir créé Albator et Gun Frontier. Son Space Battleship Yamato (ou Star Blazers aux États Unis) raconte l’épopée du vaisseau spatial Yamato au XXIIe siècle, parcourant l’univers et protégeant la Terre contre des extra-terrestres hostiles.

Dans cette série, le vaisseau est d’ailleurs construit à partir de l’épave du cuirassé Yamato, et la fiction rejoint donc mon petit prologue historique.

le Yamato en 1974

En 2011, Space Battleship Yamato est devenu un film live, réalisé par Takashi Yamazaki. Était-ce vraiment une bonne idée de créer un film live à partir d’une série culte ? Ca se discute…

Tout d’abord, il faut bien avouer que la réalisation est bluffante. Les Japonais ont digéré des années de jeux vidéo, d’animation et de Star Wars, pour en sortir un film vraiment impressionnant, dont les effet spéciaux laissent pantois. La mise en scène est sobre et plutôt classique, sans les effets énervants qu’on trouve dans les films récents (pas de style caméra à l’épaule) et un cadrage qui donne la part belle aux décors et aux costumes. Chaque envol du Yamato et chaque bataille spatiale sont un régal pour les yeux.

Maintenant, parlons de l’histoire…

Comment dire, c’est quand même très mièvre et très naïf, comme si on était plongé 20 ans en arrière, et comme si le cinéma des années 90 avait été occulté. Les acteurs surjouent, font des tas de grimaces, se sautent au cou, et deviennent vite insupportables. Le scénario accumule les invraisemblances, et le film semble avant tout être destiné aux enfants ou aux otakus. Le film véhicule aussi des messages dépassés sur l’héroïsme forcené, le sacrifice, l’extermination de l’ennemi… Ça fait un moment qu’on ne fait plus de films comme ça, aussi premier degré !

A côté de cela, il y a de fâcheuses ressemblances avec la série Battlestar Galactica. On retrouve par exemple un vaisseau spatial qui fait des bons PRL (pardon des bonds WARP) et qui protège l’humanité contre une civilisation hostile. Dans ce vaisseau, il y a une opposition marquée entre le commandant et le chef d’escadrille, et il y a aussi une attirance entre le chef d’escadrille et sa meilleure pilote. Tout ceci rappelle furieusement le triangle Adama-Apollo-Starbuck, non ?

Bon, j’arrête d’être mauvaise langue, il est possible que Galactica (2004-2009) ait pompé sur les différents animés Yamato (années 70-80) dont s’est inspiré le film Yamato de 2011.

Il est clair en tout cas que les Japonais peuvent faire du bon Space opera, et concurrencer Star Wars sans aucun soucis. Il faudrait juste trouver un scénario un peu plus frais et un peu plus moderne !