Riverworld 2010 : adaptation = trahison

Riverworld ou le Fleuve de l’Éternité est au départ une série de romans géniaux, écrits par l’américain P.J. Farmer dans les années 70-80. Le concept en est très simple et très intriguant : tous les humains de la Terre, toutes époques confondues, se retrouvent après leur mort transportés dans un autre monde, caractérisé par un fleuve interminable. Les Ressuscités ont été rajeunis et guéris de tous leurs maux et ils profitent d’une nourriture abondante et de fournitures de base apportés par une mystérieuse technologie. Qui les a envoyé là ? Et Pourquoi ?

Voilà un concept intriguant, qui va bien dans la lignée de certaines séries actuelles, telles que Flashforward ou Les 4400, basées également sur des énigmes existentielles.

Riverworld n’en est pas à sa première adaptation d’ailleurs, puisqu’une première tentative a eu lieu en 2003, sur Sci Fi Channel. Ce pilote n’avait pas du tout marché (pourtant c’était pas si mal) et la série avait été enterrée.

En 2010, donc rebelote sur Scify et un nouveau pilote nous est proposé. C’est en soit une bonne nouvelle, d’une part parce que l’histoire est très intéressante et d’autre part parce que les producteurs rechignent à exploiter ce formidable trésor que constituent les romans de SF américains des années 70. A voir les daubes dépourvues d’imagination qui envahissent nos écrans, on se demande bien pourquoi.

Le visionnage du nouveau pilote déconcerte et laisse une impression mitigée, très mitigée. De nombreux aspects du livres, sans doute trop dérangeants ou trop compliqués pour les cerveaux américains, ont été édulcorés. Ce n’est pas forcément bloquant, mais c’est agaçant car cela remet en cause de nombreux principes de base, et la structure finale en devient bancale.

Aucun respect des romans de PJ Farmer

Dans le livre, les ressuscités se réveillent nu et glabres, comme des enfants nouveaux nés. Évidemment, montrer de la nudité dans une série TV familiale, pas question. Autre exemple, dans le livre, les gens n’ont pratiquement pas d’objets avec eux et doivent reconstruire une civilisation en partant de rien. Dans la série TV, les gens portent sur eux les habits qu’ils avaient au moment de leur mort, et on s’aperçoit bien vite que certains sont pourvus d’armures, épées, fusils de chasse et autres équipements sophistiqués. Et pourquoi pas des sabres laser tant qu’on y est ?

Les Ressuscités ne sont pas très surpris de se retrouver là, alors que leur réveil provoquait dans le livre des scènes de panique et d’hystérie collective. En fait, on a l’impression que la série TV attaque la série des livres par le milieu, et que la première partie (découverte du nouveau monde et reconstruction de la civilisation) a été escamotée. C’était pourtant ce qu’il y avait de plus intéressant : une lutte pour la survie, sur le mode chacun pour soi et « l’homme est un loup pour l’homme ». PJ Farmer n’y allait pas par quatre chemins avec ses Robinsons, qui n’hésitaient pas à s’entretuer pour la possession de quelques biens (et des femmes).

Le casting des personnages été également entièrement revisité. Dans les livres, c’était Richard Francis Burton, un explorateur anglais du XIXe siècle qui était le héros, et qui rassemblait autour de lui une communauté disparate composée d’une anglaise de l’époque victorienne, d’un extra-terrestre, d’un homme des cavernes, d’un américain moderne, puis de Mark Twain, Cyrano de Bergerac et autre figures historiques.

Dans la nouvelle version qui nous est proposée, c’est un journaliste américain contemporain qui est le héros. Les scénaristes ont sûrement jugés qu’il était plus faciles pour les spectateurs de s’identifier à ce type de personnage, qu’à un obscur personnage historique. Autre changement, si on retrouve bien Dick Burton, c’est lui le méchant dans la série TV ! C’est à se taper la tête contre les murs, d’autant qu’il est formidablement interprété par Peter Wingfield, très à l’aise dans les combats à l’épée depuis Highlander.

Richard Francis Burton fait partie des bad guys

Avec une transposition en série TV et donc sur la durée, on pouvait espérer que tous les aspects du livre seraient transposés, mais non, c’est la course, comme si l’objectif était de résumer plusieurs milliers de pages en 1h30. Le résultat est bourré d’incohérences et dépourvu de mystères (les créateurs du Monde du Fleuve apparaissent dés le pilote pour expliquer de quoi il retourne). Bref, je ne donne pas cher de la suite, et c’est vraiment frustrant pour un fan de P.J. Farmer.

Ellman et sa Protectrice : il y a aussi des Schtroumpfs dans Riverworld

3 réponses

  1. nur eb din el musafi dit :

    je viens de tomber sur cette innommable quoi d ailleurs je ne trouve pas de mots tellement c est décevant…. c est Farmer qu ont assassine

    comment peut on faire de ce monumental chef d oeuvre une aussi piètre adaptation…

    enfin bref c est les ricains

    mais quel dommage

  2. eerylin dit :

    Le truc c’est que tout ça m’a donné envie de lire le livre moi.

  3. vince dit :

    Ah ca fait plaisir de lire cet avis.. cette serie a eveillé beaucoup d’espoir en moi.. et une enorme deception !

    Pourtant, il suffit de suivre le livre.. pour faire un film ou une serie exceptionnelle !

    Le pire c’est que ca ne va pas donner envie de lire ce livre a ceux qui decouvrent PJ Farmer a travers cette série absurde qui n’a rien a voir !