The Defenders : les 4 pas fantastiques

Il y a 5 ans, Marvel lançait les Avengers, un projet casse-gueule qui se révéla être au final une bonne surprise, grâce à l’énergie et à la passion de Joss Whedon. Il réussissait à réunir une équipe de super-héros très différents, chacun avec sa personnalité et son (sale caractère), et à générer une véritable synergie, où chacun trouvait sa place sans le faire au détriment des autres..

Passons maintenant aux Defenders… Tout comme pour les Avengers, Marvel a patiemment créé dans une premier temps des histoires individuelles (Jessica Jones, Daredevil, Luke Cage, Iron Fist), où chaque héros (ou héroïne) affrontait ses propres démons. Puis, après plusieurs clins d’œil appuyés (ils fréquentent les mêmes lieux et ont des amis communs), Marvel fait se rencontrer les 4 justiciers autour d’un menace commune. La recette Avengers va-t’elle fonctionner ? Et bien non…

Tout part d’un malentendu : à l’exception de Daredevil, nos 4 larrons ne sont pas des justiciers, et n’ont aucune envie de sauver le monde. Ce sont plutôt des anti-héros, qui luttent pour leur survie, et refusent de s’impliquer dans la lutte contre la criminalité, à moins que leurs proches soient en danger. Défendre la veuve et l’orphelin, ce n’est pas leur truc. Difficile de croire qu’ils vont faire cause commune, dans le but de sauver New-York. C’est ce que les scénaristes essayent désespérément de nous faire croire, alors qu’ils nous ont présenté auparavant des personnages désabusés, qui veulent avant tout mener une vie tranquille, sans embrouilles. Même Daredevil avait rangé son costume, décidant de se consacrer à son métier d’avocat.

Passé ce constat, il est clair que ces personnages n’ont rien à faire ensemble, et ont du mal à se supporter. Jessica est une super-héroïne déchue, qui passe son temps à balancer des remarques blessantes et à picoler. Luke Cage refuse de se servir de sa force surhumaine, pour ne pas blesser les gens, et il fait tout pour éviter les ennuis, et éviter de retourner en prison. Daredevil refuse d’être Daredevil, car il est conscient qu’il se laisse facilement emporter par la violence. Et Iron Fist est la tête à claque du groupe, avec son côté totalement immature et impulsif (la mentalité d’un gosse de 10 ans). Bref une belle équipe de bras cassés…

Les Defenders combattent enfin ensemble… Au bout du 4e épisode, faut pas être pressé !

Et les méchants dans tout cela ? Pour moi le gros succès des séries Marvel repose sur des bad guys charismatiques, qui arrivaient à glacer le sang avec leur simple personnalité. L’Homme Pourpre (David Temnant) dans Jessica Jones, Le Caïd (Vincent D’Onofrio) : voilà des ennemis qui avaient la classe… Dans The Defenders, malgré la prestation de Sigourney Weaver, les Méchants ne sont pas menaçants, pas inquiétants… Leur complot pour s’emparer des richesses qui gisent sous New York ne suscite que l’indifférence… Et ils se font tuer bien trop facilement, alors qu’ils sont sensé avoir des siècles d’expérience en fourberie en tout genre.

Que dire de l’histoire et de la réalisation ? C’est mou du genou, c’est long, il n’y a pas de suspense, pas de rebondissements… Des tergiversations à n’en plus finir avant que l’équipe se réunisse, et qu’elle livre ses premiers combats. Des clashs ineptes entre les héros, dignes d’une cour de récréation. Et en plus de cela, quand ils finissent par arriver, les combats sont illisibles, et ne rendent pas hommage aux capacités hors-norme des Defenders.  On a l’impression qu’après toute cette attente, les scénaristes se sont trouvé face à un gros blanc… Ils ont choisi de poursuivre la trame de Daredevil et Iron Fist autour de la Main, mais ce n’était pas une bonne idée. Oui, il y a une organisation criminelle qui menace New-York, et alors ?

De Jessica Jones à Luke Cage (je mets Iron Fist à part), les séries avaient aussi un côté plus sombre et plus adulte que les productions Marvel habituelles, et laissaient libre cours à une violence brutale et inattendue dans ce genre d’univers. Dans The Defenders, la violence est beaucoup moins présente, et la réalisation parait plate, comme si on avait dilué des épices dans un grand plat sans saveur. Résultat, on a une série bancale, qui d’une part essaye de respecter le cahier des charges des précédentes séries, et d’autre part ne prend pas de risque et ne fait rien qui risque de choquer le spectateur lambda.

Une grosse déception donc, on dirait que la magie Marvel/Netflix ne fonctionne plus…