Révisons nos classiques : Aliens (1986)

Après le succès phénoménal du premier Alien, il était inévitable qu’une suite voit le jour… C’est James Cameron qui fut choisi pour prendre le relais. Son premier film, Terminator, avait impressionné David Giller (producteur du 1er Alien), il était clair que le bonhomme était à l’aise avec l’action et les effets spéciaux… Sorti en 1986, Aliens fut un vrai succès, et la preuve qu’on peut faire une suite à la hauteur du premier film, tout en imposant un style assez différent. Le changement dans la continuité pourrait-on dire ! Chaque film de la saga sera par la suite basé sur cette règle : on change de style tout en respectant les canons de l’œuvre originale…

Bienvenue chez les space marines

James Cameron adore filmer des militaires… Il le prouve dans Aliens : le retour mais aussi Abyss, et plus récemment Avatar : la camaraderie entre guerriers (et guerrières), le matériel high tech, les manœuvres tactiques… Tout cela crée une ambiance particulière dans Aliens, où Ripley (Sigourney Weaver), seule rescapée du précédent film, est plus ou moins contrainte d’accompagner une équipe de space marines, sur la planète LV-426 pour une mission de sauvetage. Il faut préciser que 57 ans ont passé depuis le 1er film, et que la planète où l’équipage du Nostromo a découvert une épave extraterrestre a été colonisée…

Donc Cameron nous immerge dans un univers martial et viril, et nous explique ce que pourrait être la guerre du futur. Il nous montre par exemple des soldats avec caméra embarquée, guidés par leur chef qui surveille les écrans de contrôle. Aujourd’hui c’est tout à fait banal, mais en 1986, c’était surréaliste !

Il y a aussi les tourelles sentinelles avec détecteur de mouvement, les armes multifonctions et plein d’autres gadgets. La façon de filmer, à hauteur d’homme nous donne l’impression de faire partie de la troupe et renforce le sentiment d’angoisse et de danger lors de l’exploration de couloirs dévastés, sans parler de la ruche alien, plutôt terrifiante (Giger n’a pas participé au film, mais son style est omniprésent).

Ce côté réaliste, servi grandement par les décors, les éclairages, les bruitages, est la grande réussite du film, et fait qu’il n’a pas trop mal vieilli.

Par contre, il faut bien avouer les dialogues ont toujours été le point faible de James Cameron. Ça crie, ça s’insulte, ça joue les fiers à bras, avant de pleurnicher (« on va tous y passer ! »). On se demande quels sont les critères de recrutement pour ce corps d’élite, qui ressemble à une troupe d’adolescents avec de gros fusils. Pas un pour rattraper l’autre. Même Ripley se laisse aller, avec son célèbre « Ne la touche pas, sale pute ! » adressée à la reine Alien…

A ce stade, je me suis souvent demandé si ce côté outrancier n’était pas parodique et si Cameron ne cherchait pas en fait à ridiculiser les marines… En tout cas, ça ne donne pas envie de s’engager !

Un Alien, des Aliens

On a souvent accusé Cameron de faire de la surenchère par rapport au précédent film. C’est vrai que l’unique prédateur est ici démultiplié, et grouille de partout. Les xénomorphes deviennent plus banals, et donc moins effrayants quand on en croise à tous les détours de couloir.  Il y a quand même de bons passages de frousse, par exemple quand on voit les monstres sortir littéralement des murs de la ruche, où quand on voit une horde patibulaire ramper dans les conduits de ventilation…

Néanmoins James Cameron a bien retenu la leçon de Ridley Scott, et il joue sur la suggestion : des silhouettes menaçantes, des dentitions redoutables, des mains griffues. Il sait bien que présenter le monstre en entier, c’est montrer un bonhomme dans un déguisement, ça casse le mythe. Le seul bémol est le représentation de la reine alien, dont le design est superbe, mais dont l’animation est assez catastrophique. Aujourd’hui, avec les CGI, on n’aurait pas ce problème..

Le point fort de Aliens est aussi d’apporter de nouvelles connaissances sur les bestioles et leur cycle de vie, ce qu’aucun film de la saga (si on met Prometheus de côté) ne fera malheureusement par la suite. On apprend que les bestioles vivent comme des insectes sociaux, qu’ils ont une reine qui pond des œufs, et qu’ils recherchent les endroits humides et chauds (même que les xénomorphes sont très à l’aise dans l’eau). Un véritable écosystème ! Par contre, malgré un retour vers le vaisseau extraterrestre (uniquement visible dans le Director’s Cut), on n’en sait toujours pas plus sur leur origine…

Conclusion

Aliens reste un film typique des années 80, avec ses dialogues bas du plafond et ses personnages tous plus crétins les uns que les autres. Le scénario est plein de rebondissements, mais reste assez peu crédible. Un tel enchainement de boulettes et de catastrophes sur une opération militaire, qui se termine par un fiasco total, c’était bien la peine ! Il y a de bonnes idées, malheureusement peu exploitées, pour laisser la place à l’action.

Par exemple le retour sur Terre de Ripley (à voir dans la Director’s Cut), qui passe du statut d’héroïne à celui de présumée folle, inadaptée à la société, sans amis ni famille. La présentation de la défunte file de Ripley est assez émouvante, et justifie ensuite la façon dont elle protège Newt, la petite fille survivante de la colonie. Mais Cameron a toujours eu des problèmes à gérer l’émotion dans ses films (même s’il a progressé par la suite). Coincées entre deux séquences d’action, les scène sentimentales cassent le rythme et ennuient le spectateur.

Au final, ce film reste une référence dans le genre et a inspiré plein d’autres créateurs (de Space Hulk à Starship Troopers). C’est un bon film d’action, servi par une mise en scène magistrale (à condition d’oublier les dialogues). Pas de réflexion philosophique, il s’agit d’un pur survival horror. Et c’est bien comme ça.

 

 

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